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Lipoedème

Lipoedème ou « maladie des grosses jambes » : le terme « Lipoedème » vient de lipocytes/lipides qui est le tissu graisseux, et œdème qui représente l’augmentation de la quantité de liquide intercellulaire.


Reconnu comme pathologie chronique par l’OMS, en 2018, la définition de cette maladie ne fait cependant pas consensus. En effet, un groupe d’expert Européen considère qu’un œdème est reconnaissable au signe du godet (empreinte du doigt visible sur la peau après qu’on ai appuyé dessus), or dans le lipoedème il est négatif. D’un autre côté, les experts Américains considèrent qu’un œdème est un excès de liquide dans les tissus entre les cellules et la graisse. Une étude Italienne (Dr M. Cellina) révèle « une infiltration de liquide dans la graisse sous-cutanée à l’IRM » chez l’entièreté des femmes en stade 3 testées, ce qui va dans le sens du groupement Américain.


Mais alors le lipoedème c’est quoi ?

Il s’agit d’une déposition anormale de cellules adipeuses au niveau des jambes, des fesses/hanches et parfois des bras (30% des cas), épargnant le tronc, les mains et les pieds. Elle est accompagnée de troubles du collagène et de la micro-vascularisation sanguine dans la graisse et la peau. On estime à 11% le nombre de femmes touchées au monde, avec une probable sous-évaluation liée à la méconnaissance de cette pathologie et ses difficultés de diagnostic. Il ne faut entre autres, pas la confondre avec l’obésité, même si dans 2/3 cas, ils sont associés.


L’hypothèse actuelle sur les origines du lipoedème serait génétique. Il y aurait donc une transmission héréditaire avec une limitation au sexe. Son apparition se manifeste souvent lors :         

  • de changements hormonaux (puberté, grossesses, ménopause)
  • d’un épisode de stress intense
  • d’un traumatisme
  • d’une prise de poids
  • d’une modification de la structure des tissus en post-chirurgie.

Signes cliniques, symptômes, diagnostic

Le diagnostic se base essentiellement sur un examen clinique. Il est principalement réalisé par des phlébologues, chirurgiens vasculaires, lymphologues mais peut tout à fait l’être par d’autres médecins sensibilisés et formés. Aujourd’hui les différentes recherches ont permis de mettre en avant des signes cliniques et/ou symptômes permettant le diagnostic de la maladie. On retrouve parmi eux :

  1. Expression presque exclusive chez les femmes
  2. Manifestation bilatérale et symétrique
  3. Œdème ne prenant pas le Godet ou peu
  4. Signe de Stemmer négatif
  5. Douleur à la pression
  6. Fragilité vasculaire et hématomes faciles
  7. La graisse n’affecte ni les pieds, ni les mains
  8. Télangiectasies
  9. Hypothermie de la peau
  10. Aggravation de l’œdème des jambes en position debout,
    notamment en été
  11. Lourdeur et douleur des membres atteints
  12. Fatigue chronique
Corpus Mundi_signes_lipoedème

En complément de cette évaluation clinique, il est courant de prescrire un écho-doppler afin d’évaluer le système vasculaire (présence d’insuffisance veineuse ou non), ainsi qu’une lymphoscintigraphie pour évaluer le système lymphatique. En Belgique, aujourd’hui, la présence de minimum 2 critères mineurs à la lymphoscintigraphie permet aux patientes de faire une demande de pathologie chronique (Fb), leur octroyant un remboursement pour 60 séances de kinésithérapie/an, ainsi que 2 bas de contention (uniquement classe 3). La présence d’au moins 1 critère majeur, quant à elle, permet d’obtenir une pathologie lourde. Cela octroi le remboursement pour au moins 120 séances de kinésithérapie/an, ainsi que 4 contentions/an (uniquement classe 3).

Les morphotypes

Il existe un consensus mondial définissant 5 types de lipoedème, au regard de la localisation des zones touchées:

Corpus Mundi Morphotypes lipoedème

Type I :

Fesses/hanches

Type II :
S’étend du bassin au genou

(ou « culotte de Zouave »)

Type III :

S’étend sur l’entièreté de la jambe, du bassin aux chevilles.

Type IV :

Touche uniquement les bras.

Type V :

Touche uniquement le bas des jambes (des genoux aux chevilles).

Les stades

Si un accord mondial existe concernant les différents types, on retrouve malheureusement l’opposition Européens versus Américains concernant l’existence de différents stades . En effet, les premiers considèrent que le lipoedème n’évolue pas, alors que les seconds définissent 3 à 4 stades :

  • Stade 1 : peau lisse, nodule graisseux de petite taille (taille d’une perle).
  • Stade 2 : peau d’aspect « peau d’orange », nodules graisseux de taille d’une cacahuète.
  • Stade 3 : peau d’aspect matelassée avec des plis, perte d’élasticité. Nodule graisseux de taille égale ou supérieure à celle d’une noix.
  • Stade 4 : Important nodules graisseux et plis dans la peau. Perte d’élasticité. L’accumulation des tissus graisseux interfère avec le système lymphatique conduisant à un lipo-lymphoedème. La santé des femmes de ce stade est en danger. Le poids de leur jambe est un frein à leur mobilité et à la réalisation de toute activité de la vie quotidienne.
Corpus Mundi Stade Lipoedème

Stade I

Stade II

Stade III

Stade IV

Remarque : La probabilité de développer un lymphœdème à partir du stade 3 est d’environ 48%.

Les traitements

Plus tôt le lipoedème est diagnostiqué, plus rapidement la prise en charge peut se faire afin de ralentir sa progression et ses conséquences sur le corps et la mobilité des femmes atteintes. Il existe deux types de traitement : le conservateur ou le chirurgical.

 

 TRAITEMENT CONSERVATEUR 

Le lipoedème étant une maladie génétique, il n’y a à l’heure actuelle aucune thérapie curative. Le traitement conservateur permet de diminuer les symptômes, de ralentir la progression de la maladie et d’améliorer la qualité de vie.

        Les bandages multicouches multicomposants

        Ils consistent en la superposition de couche de différents éléments (ouate, mousse…) au contact de la peau, auxquels on ajoute des bandes peu élastiques. Une fois emballée, on associe cela à plusieurs sessions d’activité physique adaptée. Ils se pratiquent en une phase d’attaque de une à plusieurs semaine d’affilée, puis un suivi hebdomadaire, sur une période plus ou moins longue, en fonction de l’avancée de la pathologie. Son objectif principal est la réduction de l’œdème au sein des tissus graisseux, la diminution/disparition de la douleur et la remise en mouvement.

        Le port de bas de contention adapté de façon journalière sur les zones du corps atteintes, permet un soutien du système lymphatique, notamment lors des activités de la vie quotidienne ou au travail (position assise prolongée, position statique debout…). Il permet également de maintenir les résultats obtenus lors des thérapies par bandages multicouche multicomposant. Il est par ailleurs recommandé de les porter lors de la pratique de toute activité physique, sauf aquatique. Le choix du type de maille et de la classe de contention est réalisé en accord avec la patiente et le stade de sa pathologie. Les recommandations se portent sur de la maille rectiligne en classe 3. Plus d'infos sur notre page 'Bandagiste'.

        La pressothérapie ou compression pneumatique

        D’après les études scientifiques, il semblerait que ce type de thérapie ne soit pas efficace dans la prise en charge du lipoedème. En effet, elle ne mobiliserait que les liquides superficiels (sous la peau), plutôt associés aux troubles veineux.

        Cependant, certaines patientes ressentent un effet de soulagement de leur sensation de « jambes lourdes », notamment pendant les périodes de fortes chaleurs. Cet effet étant limité dans le temps. Pour être intéressante, elle doit être munie du plus grand nombre de chambres possible et idéalement, permettre le réglage de la pression de chacune d’entre elle.


        Le but d’un DLM est d’activer le système lymphatique tout en jouant un rôle de pompe.Ce type de thérapie est pratiqué par des thérapeutes préalablement formés (kinésithérapeutes principalement). On peut recenser plusieurs techniques : Voder, Leduc, Godoy et Renata, dont l’efficacité n’est pas connu par rapport au lipoedème, étant donné l’absence de littérature scientifique sur le sujet. Toutefois, si les Européens ont pris le parti de l’inefficacité de cette pratique, les Américains eux ne sont pas d’accord et la recommandent dans un objectif de mobiliser les tissus afin de réduire l’inflammation et donc les douleurs. 


        Le seul effet potentiel est soit placebo soit de l'ordre du bien-être, donc non-thérapeuthique.

        Le Drainage Lymphatique Manuel (DLM)

        Activité physique


        Recommandé pour l’ensemble de la population mondial, il est conseillé aux femmes atteintes d’un lipoedème de pratiquer une activité physique régulière: 3 à 4 fois par semaine, à raison de 30 à 45 min. Il n’existe pas de «BON» sport pour le lipoedème. Un sport est intéressant du moment qu’il est pratiqué régulièrement et avec plaisir.


        Néanmoins, les sports d’eau sont les plus plébiscités. Ils permettent une pratique plus aisée puisque l’eau supporte une partie du poids, une fois le corps immergé. De plus, il se pratique sans bas, et la pression exercée par l’eau sur les membres réalise un effet de drainage. Il est entre autre conseillé: l’aquabike, l’aquafitness, l’aquagym, la marche dans l’eau/longe côtes (avec de l’eau +/- à hauteur de la taille). Une petite particularité concernant la natation, celle-ci se pratiquant à la surface de l’eau, l’effet «drainant» n’est donc plus d’application. Une possibilité pour les adeptes de la natation, est de la pratiquer avec des palmes. Celles-ci nécessiteront de plonger les jambes plus en profondeur dans l’eau et donc, à l’eau d’exercer une pression dessus.


        A l’inverse, la course à pied est plutôt contre-indiquée par rapport aux chocs que sa pratique engendre. Cependant, si vous êtes un adepte de ce sport, quelques améliorations permettent de diminuer ses effets délétères: courir sur sols meubles (terres, foret, …), porter des baskets adaptées et qui amortissent les chocs, améliorer sa technique au près d’un spécialiste. L'amélioration de la technique ne met pas à l'abris de tous les traumatismes articulaires associés mais rend le mouvement de la course plus rentable.


        !!! Attention!!!

        Les activités telles que le sauna, hammam, jacuzzi, sont à pratiquer de manière très occasionnelle. Etant réalisées sous de hautes températures, elles favorisent la dilatation des vaisseaux sanguins et appellent à une augmentation de la circulation de liquide. Elles peuvent donc être à l’origine d’une majoration de l’œdème. Il est conseillé, en cas de pratique, de finir par une douche tempérée (+/-34°C) afin de resserrer les vaisseaux.


        Le lipoedème étant reconnu comme maladie inflammatoire chronique, cela signifie qu’il y a dans le corps une constante circulation de molécules pro-inflammatoire. Ces dernières sont responsables entre autres des douleurs. Il est toutefois possible de limiter la circulation de ces molécules en modifiant notre alimentation. La première chose est de revenir à une alimentation de saison et la moins transformée. Ensuite, réduire la consommation d’aliments pro-inflammatoires : Gluten, lactose et sucres raffinés.


        Prudence, il ne s’agit pas là de faire un régime suppressif, mais de modifier ses habitudes alimentaires sur du long terme. Ce processus prend du temps : trouvé les produits que l’on aime, les recettes qui nous plaisent, découvrir de nouvelles saveurs… L’alimentation doit rester un plaisir et tout est une question d’équilibre. Plus d'infos sur notre page 'Nutrition'.

        TRAITEMENT CHIRURGICAL

        Elle peut être envisagée en continuité du traitement conservateur. En effet, si celui-ci n’a pas donné les résultats suffisants, pour des raisons de mobilité ou encore simplement à la demande de la patiente pour des raisons esthétiques.


        En Europe, principalement Allemagne, Belgique, Espagne et France, les techniques utilisées sont des techniques de lipoaspiration :

        • TAL  - Tumescente Anesthésie Local : injection de produit anesthésiant
        • WAL - Water Assisted Liposcuction : assisté par injection d’eau
        • PAL - Puissance Assisted Liposcuction : assisté par moteur


        Chacune de ses méthodes a déjà fait ses preuves dans le cadre du lipoedème, mais cela reste de la chirurgie, avec tous les risques qui en découlent. Les Américains eux ont fait preuve d’innovation et ont imaginé une technique d’extraction manuelle de la graisse (cf : Clinique Total Lipoedema Care).


        Nonobstant une chirurgie réussie, la continuité d’un traitement conservateur est recommandée. Le lipoedème est une maladie génétique et donc même opérée, les femmes atteintes en sont toujours porteuses et sont susceptibles de le voir se manifester à nouveau.


        Nous ne pouvons que conseiller aux patientes qui souhaiteraient néanmoins se diriger vers cet acte esthétique de chercher des avis différents chez des prestataires différents avant de se lancer. 

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